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Photo du rédacteurAnne Sorel

La Fée des Mers, soutenir la pêche artisanale


Texte Anne So/ photos By Juliette


Dieppe- Quai Trudaine


Je n’ai jamais appris à cuisiner le poisson, j’avais enfant une certaine appréhension lorsque l’on m’en servait… la faute aux arêtes!. Cette peur, je l’avoue un peu honteusement, a longtemps perduré. Mais comment résister?

Je vis près de l’un des principaux ports de pêche français, le mois de novembre à Dieppe s’anime d’une fête populaire qui célèbre le hareng et la coquille, la « marmite dieppoise » est le plat  signature de ma ville. Le poisson est tout autour de moi!

C’est simple je ne résiste pas! J’y prends même du plaisir. Manger du poisson est à mes yeux une aventure culinaire faite de rencontres et de respect. Vous venez avec moi connaître ceux qui nous nourrissent?



Le goût des rencontres normandes


Pour ma participation à l’émission « le goût des rencontres normandes », avec le chef David

Gallienne, je souhaitais élaborer une recette japonisante avec un poisson local: la vive. Sur le conseil d’amis et pour les besoins de l’émission,  j’ai rencontré Loëtitia et son équipe de « Fée des Mers » un chalutier dieppois:  « tu ne vas pas être déçue », me prévient-on, « elle a un sacré caractère »!

Si par caractère on entend défense de ce qui tient à coeur, alors oui, cette passionaria est une femme de caractère!



Par un coup du sort, le jour du tournage, le bateau est tombé en panne. Un peu dépitée  de ne pas tourner avec elle, mais pas prête à renoncer à ce sujet, je retrouve Loëtitia quelques mois plus tard.

Nous sommes un mardi de novembre sur le marché au poisson.

Le soleil se dévoile enfin en cette fin de matinée, les derniers clients se pressent pour récupérer l’or blanc sous les cris des goélands excités. Loëtitia est affairée à décortiquer les coquilles. Personnage central de l’étal, elle organise, répond au téléphone, accueille tout sourire une clientèle exigeante. Son équipe est au diapason. La présentation attrayante qui

est offerte aux poissons du jour témoigne du respect que « Fée des Mers » accorde à ses produits et à sa clientèle. Ce ballet bien orchestré, très féminin, ferait presque oublier les dures réalités des métiers de la pêche artisanale. Alors quand un client négocie ou pinaille les prix… ça « chatouille » un peu Loëtitia, je vais vous expliquer pourquoi!




Le prix du poisson frais


Depuis l’aube Loëtitia et son équipe s’activent pour présenter la pêche de Yann son conjoint et de ses matelots. Porter de lourds casiers, travailler dans le froid, l’humidité…que ce soit en mer ou sur le marché, les conditions sont rudes. La pêche artisanale,  comme de nombreux secteurs en France, est soumise à des charges incompressibles: assurances, carburants, salaires… auxquelles s’ajoutent celles liées au produit: glace, traitement des déchets…

Et, car ce n’est pas tout, elle subit de nombreuses limitations qui font régulièrement l’actualité des médias. Des quotas aux zones limitées, leur espace de travail s’amenuise dans une certaine inégalité car les limitations nécessaires ne s’appliquent qu’aux pêcheurs français. Comme souvent,  ce sont les plus petits qui paient le prix fort.

Quand Loëtitia cite la phrase de Joseph Kessel chantée par Renaud: « c’est pas l’homme qui prend la mer, c’est la mer qui prend l’homme » pour me parler de la dangerosité du métier et des naufrages déjà subis par son conjoint, que vous soyez lecteurs ou mélomanes la référence jette un froid.

Pourquoi exercer un métier aussi difficile? Loëtitia me répond: « c’est mon sang la pêche, j’ai été éduquée dans ce milieu, mon père était marin pêcheur » et pour Yann? « la mer est sa passion, elle passe avant tout ».



Acheter à un artisan pêcheur… résiste, prouve que tu existes!


Que perdrions-nous avec la disparition de la pêche artisanale? notre souveraineté alimentaire, la liberté de choisir, nos emplois, un art de vivre, le goût du bon?

Je suis impressionnée par ce que mes choix alimentaires induisent; peut-être mieux qu’un bulletin de vote,  notre consommation consciente peut influer sur notre avenir.

Acheter mon poisson à un  artisan pêcheur est une forme de résistance; je choisis de soutenir des emplois locaux, de reconnaître la dureté de leur travail, de soutenir une passion aussi…

Acheter mon poisson sur le marché est une forme d’aventure culinaire, faite d’échanges humains: de la conception de ma recette autour de la vive pour une émission TV à la rencontre avec Loëtitia. Le poisson pour moi n’a plus le même goût!


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