Dans la campagne normande, près de Dieppe et du pays de Bray, se trouve une belle méconnue…la poire de Fisée.
La production de ce poirier endémique est rare et confidentielle. La poire est petite et se consomme cuite, cela ne la rend pas très attractive au regard de nos modes de consommation actuels qui tendent vers l’esthétisme et la facilité.
Alors oui, la belle se mérite… et, à la lecture de mon article vous saurez pourquoi…
Paté à la poire de Fisée
A Dieppe et aux alentours, à la Toussaint, fleurissent sur les devantures de certaines boulangeries, des écriteaux mentionnant un mystérieux « pâté a la poire de Fisée ».
Mystérieux car je n’avais jamais entendu parler de ce « pâté » avant de venir habiter la région. Curieuse de résoudre cette énigme, j’ai mené ma petite enquête en interrogeant mes amis dieppois.
« Tu ne connais pas le pâté à la poire de Fisée ?! » à l’expression dubitative accompagnant la réponse presque indignée, j’eus le sentiment d’avoir commis un crime de lèse- majesté;
La pâtisserie, car ledit pâté s’avère être un gâteau, est ici, à la Toussaint, ce que la bûche est à Noël: un incontournable.
Si beaucoup en ont déjà mangé peu savent exactement à quoi ressemble la poire de Fisée; mue par l’envie de la goûter, je me lance à sa recherche…
En quête de poire
Du temps de nos grands parents, il était fréquent de préparer à la maison son pâté de poire, mais cela restait exceptionnel car peu de personnes possédaient ce type de poirier:
« c’était souvent un voisin qui partageait sa production »
me dit Marie Rose, mon experte normande, contactée pour l’écriture de cet article.
Mes sources m’invitent à chercher sur le marché de Dieppe. Je m’y rends donc un samedi matin sans trop d’espoir.. et miracle! dans la rue principale, loin des maraîchers traditionnels, je la trouve! elle trône à côté des châtaignes et des pommes: une petite production sur un étal modeste mais de qualité, tout droit sortie d’un jardin normand.
Je jubile, à la fois heureuse de l’avoir trouvée et impatiente de la cuisiner! elle tient dans le creux de ma main, en effet bien petite en comparaison des poires williams et autres comices… je suis presque émue devant son apparente fragilité …
Poire partagée
La poire de Fisée n’est pas une « poire à couteau », elle se consomme cuite;
Sa chair est dure et son épluchage est plutôt fastidieux, quant à sa cuisson…
Stop! pour être honnête, rien dans les moments passés pour cette poire ne m’a paru fastidieux ou long!
Dans ma quête j’ai rencontré un producteur adorable, il m’a montré les photos de sa maman qui fait habituellement le marché à 86 ans, j’ai partagé avec ma voisine sa recette du pâté, et patienté … quel bonheur de laisser mijoter les poires quelques heures, elles ont embaumé ma maison d’un parfum doux et sucré, réconfortant! J’ai attendu le moment magique où à l’ouverture de ma cocotte j’ai découvert la coloration rosée que la cuisson sans ajout de vin rouge lui donne.
Et, pour mon gâteau, un régal! la chair de la poire de fisée est délicieusement onctueuse, fondante en bouche. Sa coloration rose/rouge donne au pâté une originalité naturelle qui signe son unicité.
Vous aussi découvrez ce trésor seinomarin, mais, attention, vous ne la dégusterez qu’à l’automne! Vous venez avec moi?
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